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C'est sous ce titre, Wonder, que le film aujourd'hui connu sous le nom La reprise du travail aux usines Wonder, a été déclaré au CNC le 8 octobre 1970.
Si vous cliquez sur cette image, vous allez découvrir l'origine de l'affaire Wonder : la présence d'un homme qui n’avait rien à voir avec ce film qui s'est déclaré comme le seul auteur du film.
Pour information, le film est parfois désigné sous les titres : Wonder mai 68, La reprise du travail à Wonder.
Note d’Eléonore Des Moines :
Ce jour, 03/10/2018, Jean-Denis Bonan nous a fait savoir qu’il a signé ce contrat, ll y a presque 48 ans, le 08/10/1970 exactement, pour rendre service : il a prêté son nom et surtout sa carte professionnelle parce que, précise-t-il, le CNC exigeait pour enregistrer officiellement un film, que le réalisateur et les techniciens possèdent une telle carte.
Jacques Willemont pense qu’il est de bonne foi, mais il s’étonne que … nous reviendrons sur cette question plus tard.
Pour comprendre l'agacement de Jacques Willemont, co-auter et réalisateur, il faut savoir que :
1 – ce court-métrage constituait une séquence du film de long-métrage documentaire Sauve qui peut Trotski que Jacques Willemont a réalisé entre le 23 ou 24 mai et la mi-juillet 1968,
2 – les éléments images et sons 16 mm du long-métrage ont disparus entre le 14 et le 15 juillet 1968 de la salle de montage (un autodafé)
3 – pendant 37 ans, il a été insinué par Daniel Édinger, Pierre Bonneau, Philippe Vigier, tous membres du Syndicat (SFR, Édinger en étant le secrétaire général) que Sauve qui peut Trotski n’avait jamais existé ; c’est ce qui explique en partie le chapitre Le Syndicat contre Jacques Willemont,
4 – les éléments images et sons 16 mm du long-métrage ont été retrouvé par Sébastien Layerle dans les archives de la Cinémathèque royale de Belgique en 2005,
5 – qu’un document a été publié en 2013 et adressé par Jean Lassave à l’équipe cinéma de la ville de La Ciotat où Jacques Willemont montait le festival Cris du monde dont il était le fondateur ; dans ce document figure le "point d’orge de la machinerie et de l’ordurerie" : une accusation de vol est portée contre Liane et Jacques Willemont.
Comme vous le savez, lecteur cultivé de ces lignes, même si ce n’est pas vrai :
Le mal est fait, il chemine, il s’avance
De bouche en bouche il est porté
[…] rien ne l’arrête
comme il est dit dans La calunnia è un venticello (l'air de la Calomnie) de l'opéra italien Il barbiere di Siviglia
(Le Barbier de Séville) de Gioachino Rossini,
A ce sujet, nous essayons d’obtenir une rétractation et des excuses de la part de l’auteur du document dès qu’il sera connu, ainsi que des excuses
de Jean Lassave, le petit postier dans cette affaire.
En absence de réponse, nous déposerons une plainte pour calomnie avant la fin de l'année 2018.
J et L Willemont
(Une parodie de Woody Allen)
Le choeur
Le mot seul suffit : "Wonder". Généralement. Les initiés savent que le titre complet de ce film est La reprise du travail aux usines Wonder. Ce film de court-métrage dont Jacques Rivette dira au cours de l'été 68 :
"C'est le seul film [de mai 68] qui soit un film vraiment révolutionnaire, peut-être parce que c'est un moment où la réalité se transfigure à tel point qu'elle se met à condenser toute une situation politique en dix minutes d'intensité dramatique folle".
Ce film a dû être bénéfique pour votre carrière professionnelle ?
Oh que non ! Je peux même dire que ce film m'a pourri la vie.
Pourquoi ?
Pourquoi ? Parce que depuis 50 ans, de nombreuses personnes ont voulu minorer
mon rôle, afin de s'en approprier la paternité et l'utiliser sans autorisation et, ainsi, sans payer les droits de reproduction et représentation.
Tout cela évidemment pour des raisons idéologiques.
Idéologiques ? Le propos n'est-il pas exagéré ? Economiques, je le comprends, mais ...
Jugez vous-même. En 1970, Marin Karmitz souhaite diffuser le film Wonder, en première partie de son film de long métrage Camarades qui sort en salle.
Il se tourne légitimement vers ce qui reste de l'Association des étudiants de l'IDHEC en grève, dirigée par Daniel Édinger, omniprésen, omnipuissant.
Un contrat est établi entre cette association et MK2 Productions.
Tout semble régulier. Légitime, comme le récitant l'affirme.
Je sais. Vous avez certainement noté que, assurant
le "secrétariat" de notre discussion, j'ai souligné moi-même légitimement. Un détail suffit toutefois à renverser cette idée de légitimité. Cette cession de droits, par exemple que nous avons citée précédemment :
Qu'a-t-elle de particulier ?
Cliquer et vous verrez.
Vous avez lu ? Approchons-nous.
L'un des choristes lit :
"Je soussigné, Jean-Denis Bonan, déclare être le seul auteur du scénario original non tiré d'une oeuvre antérieure intitulé "WONDER", et avoir autorisé la société M.K.2 PRODUCTIONS, 31, rue Tronchet, PARIS 8ème, à produire et à exploiter un film de court métrage tiré de cette oeuvre".
Le document est enregistré au Conservatoire du registre public de la cinématographie, le 8 octobre 1970, sous le numéro 37837. C'est un document très officiel.
Nous devinons de quel "détail" fait état Jacques Willemont. Nous sommes convaincus que Denis Bonan n'est pas intervenu sur le scénario puisque le tournage a été improvisé. Il n'était pas présent au moment du tournage devant les usines Wonder. Nous supposons qu'il n'a pas contribué au montage, ni à l'enregistrement de la voix qui figure au début du film, ni à la réalisation de l'introduction.
C'est donc un faux !
Le choeur a bien deviné. Et s'il s'étonne du fait que j'ai laissé faire, c'est que le Choeur a la tête ailleurs. Il est évident que je ne savais rien de ce qui se tramait dernière mon dos.
Derrière votre dos ? Comment l'avez-vous donc appris ?
Je ne sais plus. Mais, dès que j'ai été averti, j’ ai appelé Marin Karmitz que j’avais rencontré le 10 juin 68, justement. Le soir même du tournage de Wonder.
Les Etats Généraux du Cinéma dont Karmitz faisait partie, s’étaient réunis à l’IDHEC pour évoquer le futur de la formation des cinéastes.
Richard Copans qui était étudiant en première année (il est aujourd’hui un des patrons des Films d’Ici) a pris la parole pour exposer le projet sur lequel il travaillait.
La réforme prévue concernait en premier lieu le mode de recrutement des futurs étudiants.
Peut-être parce que la publication des résultats du concours d'entrée qui s'était déroulé quelques jours avant, a eu lieu le premier jour de l’occupation de l’IDHEC.
En effet. Ceux qui avaient passé le concours d'entrée comme moi, sont passés à l'IDHEC pour connaître les résultats. Comme l'occupation de l'école venait d'être décrétée, plusieurs d'entre nous sont restés là. Dont Jean-Paul Dekiss, par exemple.
Note : dans sa page Wikipedia, il est écrit qu'il a "un diplôme d'études générales audiovisuelles à l'Institut des hautes études cinématographiques".
Phrase bien ambigüe qui laisserait entendre qu'il est diplômé de l''IDHEC : ce n'est pas le cas. Bof !
Quelques trois semaines plus tard, le 10 juin, Liane qui a assuré la prise de son de Wonder, …
... et de l’ensemble du film que Jacques réalisait …
Parce que vous tourniez un film ? Première nouvelle.
Oui, un film de long métrage documentaire. Depuis le 23 ou le 24 mai, je ne sais plus.
Voilà un extrait (muet pour l'instant) d'une séquence tournée le 25 mai, la veille de Charléty. Il s'agit de Charles Berg. Il était à l'époque le Secrétaire général de l'OCI (l'organisation communiste international), le groupuscule où militaient Jean-Christophe Cambadélis (dit « Kostas », aujourd'hui au PS), Jean-Luc Mélenchon (dit « Santerre »), fondateur du Parti de gauche, Gilbert Roger, Alain Corneau, Bertrand Tavernier, Bernard Murat, Alex Métayer, Nadine Trintignant, Delphine Seyrig et Dominique Labourier et, probablement, Lionel Jospin (dixit Wiki).
Aujourd'hui Berg est producteur. Sa bôite, JEM production produit des films qui conservent le gout de ses anciennes passions politiques.
Les boîtes de pellicule étaient envoyées en Belgique pour être développées ...
Les laboratoires français étaient en grève …
... mais je recopiais moi-même en 16mm, mes sons en 6.35. C'est Robert Teisseire qui m'avait appris à le faire. Ce n'était pas n'importe qui. Il était l'ingénieur du son Des enfants du Paradis, par exemple.
... les boîtes de pellicule inversible noir et blanc, portaient le titre Le cafard des montages, mais le vrai titre du film aurait été Sauve qui peut Troitski.
Pourquoi "aurait-été" ?
Parce que les éléments de montage de mon long métrage sont disparus. Il ont été "brulés". Symboliquement s'entend.
Attendez. Là, vous en dites trop ou pas assez.
Finissons-en avec le faux en écriture pour la cession à Karmitz et je vous raconterai. Promis. J'ai créé ce site pour cela également.
Nous commençons à comprendre pourquoi vous parlez d’idéologie…
Et vous allez voir ce qu'il en coûte d'être indépendant, libre. De s'interroger sur la raison de l'engouement soudain de la majorité des jeunes français pour l'un des fondateurs du Goulag. On l'oublie complaisamment. Trotski a créé le Goulag avec Félix Dzerjinski et Lénine. Son grand mérite aujourd’hui comme en 68, est d’avoir eu la tête défoncée à coups de piolet sur l’ordre de Staline.
Avec un tel discours vous deviez être considéré comme un homme de droite.
Je m'amuse parfois à dire que j'étais plus à gauche que les trotkistes. Dès 1963, pendant mon servive militaire, j'avais lu Une journée d'Ivan Denissovitch d’Alexandre Soljénitsyne. Ce livre marque le début de mon antipathie pour tous ceux qui avaient fricoté avec l’URSS.
J’étais aussi beaucoup plus mature que mes condisciples : Richard Copans avait 21 ans. J’en avais 27 et j’avais passé deux ans comme officier du contingent aux portes de la guerre d’Algérie (j’y ai croisé Jean-Loup Dabadie, le scénariste).
Sans parler du maoïsme. Un communisme remanié par une culture à des années-lumière de la nôtre. On leur doit quand même cinq ans plus tard, Pol Pot et les Kmers rouges !
Est-ce que nous voulions chez nous ?
Liane Estiez donc, malgré ses 19 ans, a pris de l'autorité en assurant l'intégralité des prises de sons de Sauve qui peut Troitski.
Le 10 juin au soir, pendant l'AG des Etats généraux du cinéma, elle propose de faire écouter un extrait de la bande-son de ce que nous avions enregistré le matin.
Malgré l'absence d'image, une intense émotion a saisi la salle. C'est ce qui justfie à mes yeux que Liane Willemont figure en 1978, dans Cinéma 68, à la réalisation au même titre que Pierre Bonneau et moi-même (l'esprit de Mai était encore là).
Ça a fait un tabac. Jacques Doniol-Valcroze (Willemont le reverra 10 ans plus tard pour Cinémai 68) exige :
« - Il faut diffuser le film le plus vite possible ! »
Ce sera fait dans la semaine qui suit.
Lorsque tout le monde se sépare, minuit passé, ceux qui avaient une voiture proposent – le métro était en grève - de véhiculer les démunis, ce que Liane et moi étions.
Karmitz allait vers le 16ème. Cela tombait bien puisqu’avec Liane, nous squattions une chambre de bonne au 6ème étage d'un immeuble rue Robert le Coin.
La flèche montre la terrasse de 70 cm sur 120, de laquelle, le 14 juillet 1968, nous observons sur les nuages, les lueurs du feu d'artifice de la droite triomphante (pendant ce temps-là, un crime contre l'esprit se trame : on fait disparaître mes élements de la salle de montage de l'IDHEC).
Un crime ? Qu'est-ce que c'est encore que cela ?
Chaque chose en son temps, s'il vous plait.
Arrivé place Victor Hugo, Karmitz manifeste l'envie de manger un morceau et de boire un coup. Un bistrot est encore ouvert (je crois que c’est celui qui figure sur cette carte postale ancienne). Kamitz propose :
"- Vous prendrez quelque chose ? Moi je prends des huitres".
Ah, le salaud. Avec Liane, on adore les huitres. Aujourd’hui, il y a des bars à huitre partout. A l’époque, les occasions d’en manger étaient rares. Le prix de deux assiettes d’huitres représentait notre budget alimentation pendant une semaine, ...
« - Non, pour nous ce sera une bière".
Et ... ?
Gentiment, il a payé les deux bières. Merci Marin. Pourquoi se plaindre ? La soirée était douce. Un réalisateur, producteur de films, s'intéressait à nos projets. Et comme nous avions de l’imagination, le seul chuintement - fffuit, fffuit – avait fait venir le goût du sel à nos lèvres.
Lorsqu’en 2008, Karmitz a souhaité acheter les droits de « Wonder » pour intégrer le film dans le DVD qu’il éditait sur Camarades, nous avons fait savoir à sa directrice d’édition qu’il nous devait toujours un plat d'huitres. Je n'ai pas eu de réponse.
Mais lorsque nous avons touché les droits du film, nous sommes allés place Victor-Hugo, en commander deux douzaines. A ta santé Marin.
Nous aimerions que vous passiez plus vite sur les anecdotes ... amusantes certes, ...
... significatives aussi, parce que, finalement, le "Salauds de pauvres !" de Gabin dans La traversée de Paris se décline de mille manières différentes.
Le Choeur apprécie les cinéphiles et diffuse la culture : le lien qui permet de revoir la scène.
Je ne voudrais vous presser ... mais il y a peut-être plus urgent.
Nous sommes en plein dans le sujet du film que je comptais réaliser. Sauve qui peut Trotsky.
Vous connaissez, je suppose, la morale de La traversée de Paris ? Pour les oublieux, je résume : l'artiste aisé, habitué de la première classe de la Compagnie des trains (Gabin), sera sauvé du peloton d'exécution par ses relations. Et il continuera à prospérer après l’Occupation.
Le besogneux, lui (Bourvil), ne sera épargné que grâce au hasard. Et il restera à sa place après l’Occupation : celle d'un besogneux.
C'est de vous que vous parlez ?
Oui et non. Le terme besogneux me gêne. Bien que. Disons que, à la différence de la majorité de mes collègues de l'IDHEC, je n'étais pas un héritier. Et dans l'affaire qui nous concerne, il se peut que cela ait un sens.
Mais finissons-en avec Karmitz.
Oui, il serait temps !
Comme je vous l’ai dit il y déjà au moins un quart d’heure, j’ai appelé Karmitz courant 1971, pour lui demander des comptes sur la diffusion de Wonder sans mon accord.
Pas de problème a-t-il dit. Il se souvenait parfaitement de Liane et moi (je n'ai pas parlé des huitres). Il connaissait mon rôle dans ce film. Il m'a signé immédiatement une rétrocession des droits patrimoniaux. Ceux-là même qu’il avait obtenu de la part de Daniel Édinger, par l’intermédiaire d’un faux, signé par Denis Bonan.
Vous pouvez nous montrer le document signé par Karmitz ?
Non !
Ah !
Parce que je l’ai perdu.
Il faut vous croire sur parole ?
Certes non. Il y a tellement de mensonges dans toute cette histoire qu'il est nécessaire, indispensable même, d'exiger des preuves pour tout ce qui est affirmé.
Au printemps 92, je ne sais plus qui m'a demandé de produire une copie de cette rétrocession signée par Karmitz. Je n'ai plus retrouvé ce document (j'aurais dû l'enregistrer au CNC).
Aussi, le 15 mai 1992, j'écris à Karmitz pour obtenir une confirmation de cette cession.
Il faut que je le relancde mais, le 22 septembre, il me répond et m'adresse une attestation. La voici.
Je suppose que vous avez enregistré ce document au CNC ?
[Hors champ, JW confirme d'un mouvement de tête].
Nous ressentons comme une réserve de votre part.
Oui. Malgré ce contrat, mes droits sur Wonder ne seront pas respectés. Et parmi ceux qui en ont tiré profit il faut citer Daniel Edinger (président de l’AGIDHEC) et Richard Copans (vice-président de l’AGIDHEC) et ... patron de Les filsm d'ici.
L'AGIDHEC, c'est l'association générale de l'Institut des hautes études cinématographiques) : terme ambigü, puisqu'il ne s'agit que d'une association d'étudiants.
Des gens comme Édinger affirme que l'AGIDHEC est le producteur effectif de Wonder, mais il oublie que l'association n'existait pas en juin 1968.
Elle n'est créée que le 8 octobre 1968.
L'affaire Karmitz, finalement, s'est bien réglée pour vous. Mais vous affirmez que malgré votre cession de droits, les responsables de l'AGIDHEC vont tirer profit de leur statut pour s'approprier plus ou moins Wonder. Si c'est exact, de quel droit l'ont-ils fait ?
Eh ! Du droit du plus fort ! Et à l'abri de tout, protégé par leur cabinet d'avocat.
Heureusement pour moi, ils écrivent à tord et à travers. Ils écrivent même beaucoup. Surtout Édinger, secrétaire général du syndicat des réalisateurs de télévision. Position qui lui donne du pouvoir. Vous verrez cela.
Quels abus de pouvoir pouvez-vous citer ?
Daniel Édinger a utilisé Wonder en 1988 dans l’émission Génération, produit par Kuiv production, sans payer les droits évidemment.
Comment se justifie-t-il ?
Extrait d'un dossier intitulé Wonder histoire du film (anonyme, mais j'espère connaître bientôt l'auteur)
"Considérant que WILLEMONT ne dispose d'aucun droit de veto sur l'utilisation du film, ni d'aucun droit de propriété sur un film produit par un collectif, Daniel EDINGER intègre un extrait de 52" de WONDER au numéro 9 de la série "GÉNÉRATION" ("Paroles de mai" TF1 23.06.88). Cette utilisation n'a donné lieu à aucune transaction financière avec qui que ce soit."
Il oublie curieusement que c'est lui, lui-même, qui a établi le contrat de cession des droits d'exploitation à MK2, via un faux signé par Denis Bonan.
Il justifie très bien sa démarche : lisez si vous voulez (toujours extrait de l'oeuvre littéraire anonyme Wonder, histoire du film).
Il dit, en substance, qu'il fallait des cartes professionnelles pour enregistrer le film au CNC.
C'est la seule photo que j'ai trouvée d'Edinger sur Internet. En le voyant, je prends conscience que je n'ai pas dû passer plus de quinze minutes à côté ou devant lui. Et cela depuis 51 ans. Depuis que je l'ai aperçu sur un plateau de tournage à l'IDHEC en 1967. Il m'a immédiatement déplu. Ensuite, je l'ai évité.
Lui, par contre, depuis 50 ans, il me cherche, comme on dit. Pourquoi, je n'en sais rien. Au fil des années, l'impression initiale s’est renforcée. Il pense de plus en plus mal. Il suicide son âme. Avec le dernier texte que j'ai reçu et dont il est de toute évidence l'auteur [je vais vérifier], il a atteint un point de non-retour dans l’abjection.
(photo extraite de http://site12465.mutu.sivit.org/Unite_2012/rencontres.html)
Cette histoire de carte professionnelle ne tient pas debout. Vous en aviez vous-même déjà une en 1971 ? De plus, pour un court métrage en plan séquence, le CNC acceptait déjà de confier les trois postes (réalisation, image, montage) à la même personne.
Et surtout, pourquoi mettre les noms de trois techniciens (Bonan, Chapuis, Gaultier) qui n'étaient pas sur le tournage ? Et surtout, cela n'était pas utile.
On se dirait en URSS à la bonne époque, où n'avaient droit de cité que les membres du parti. Ici, le parti, c'est l'AG-IDHEC.
Quand vas-tu te décider à dire l'essentiel ?
L'essentiel ?
Finissons-en avec le "C'est toujours ça de rePRISe". Ne me regardez pas avec des grands yeux tout ronds : c'est une allusion à un article d'Emmanuel Poncet dans Libération.
A quoi fait-il allusion ?
A la rapacité de Richard Copans. Il a d'abord tenté d’éviter de devoir payer les droits pour l’utilisation de Wonder. Une utilisation massive parce que, non content de l'usage permanent d'extraits du film dans Reprise d’Hervé Leroux, il a monté une "version courte" du même sujet intitulée Paroles ouvrières, paroles de Wonder.
Pour que les droits de Wonder me soit payés, il a fallu que j’appelle Hervé Leroux. Contraint de règler la note, il a proposé un forfait ridicule pour les deux films : 15 000 francs (3 000 euros d'aujourd'hui).
Il faudra un jour que je compte le nombre et la durée des extraits de "Wonder" dans ces deux films. J’estime que la minute d’extrait lui est revenue à moins de 150 euros.
Le prix normal est de 10 fois plus.
Note 1 : avez-vous remarqué que "proposer un forfait", c’est étymologiquement "commettre un forfait". Sans autre commentaire, d'autant plus que j'ai accepté.
Note 2 : je vais faire demander par un tiers un extrait d’un film produit par Les films d’ici. Pour voir ce que Richard Copans ferait payer dans l’autre sens. Rien de plus instructif, non ?
Et oui, Richard personne n’est parfait. Même moi. Et de toi, je n'en parle pas.
Note 3 - Cette photo se trouve sur la page Unifrance de Richard Copans. Il a la tête que je lui ai connue à l'IDHEC en 1967-68.
Richard Copans est - indirectement - à l’origine de Sauve qui peut Trotski. Je l’ai raconté il y a bien longtemps dans la revue Impact
C'est Richard qui m'a appelé. Et si on ne m'avait pas demandé expressément de "faire ce cours", pourquoi Pierre Bonneau aurait-il tenu la caméra ? C'est absurde.
Pourquoi dites-vous que c'est absurde ?
En juin 1968, je sors de l’IDHEC. J’ai un diplôme de chef-opérateur. Débutant certes, mais possédant déjà une certaine expérience. Par exemple, j’ai assuré la direction de la photo d’un film de 30 minutes sur l’artiste Soto, réalisé par Vénézuélien Yvan Croce (le film a été présenté dans de nombreux festivals) ; j’ai aussi tourné tout l’été précédent avec Bernard Leblanc, étudiant en réalisation de la même promo, etc.
Il est vrai qu'on ne voit pas très bien pourquoi, vous auriez confié la caméra à des élèves de première année. Des débutants à vos yeux.
Jacques Willemont
En ce qui concerne la séquence tournée devant Wonder, je dois dire en plus que Pierre Bonneau, à cette époque-là, ne donnait pas l’impression d’être un « foudre de guerre » dans le domaine cinématographique.
En bougeant de 30 centimètres, il aurait pu éviter que mon oreille et mes rouflaquettes soient en quasi-permanence dans le cadre.
Pourquoi étiez-vous si proche de la fille ?
Parce que Robert Teisseire, l'ingénieur du son de l'IDHEC ne voulait pas nous confier ses meilleurs micros. Il nous avait refilé un micro déplorable. Pas directionnel pour un sou. Il fallait s’approcher de ceux qui parlaient pour avoir une chance que leur voix ne soit pas couverte par le bruit ambiant.
C’est pour cela que je serai ultérieurement confondu avec un pied de micro.
Normalement, c’est moi qui aurais dû tenir la caméra. Et Bonneau aurait porté les valises comme Chicheportiche l’a fait ce jour-là. Tiens qu’est-il devenu celui-là ? Il est devenu Roland Portiche : il a une tête qui me revient et il s'est bien débrouillé.
L'accaparation de "Wonder" s'exprime aussi, semble-t-il, par le fait que l'image de la jeune femme qui crie se retrouve partout dans la communication de Reprise de Le Roux.
Jacques Willemont
Vous n'êtes pas le seul à le penser. Je viens de fournir cette image et d'autres à l'Obs pour un article à paraître sur Mai 68. Une jeune femme m'a appelé hier, très embarrassée.
"- J’aimerais comprendre. J’ai sous la main vos photos et celles du film Reprise d’Hervé Leroux : ce sont les mêmes.
- Je sais. C’est un abus du producteur et des attachés de presse.
Voyez ci-dessous. Alors qu'elle ne figure pas dans le film de Leroux, en dehors des extraits pris dans mon propre film. Il est préférable d'en sourire.
La confusion est telle, qu'une des nécrologies rédigées au moment du décès de Le Roux, faisait de lui le réalisateur de Wonder. Un de plus.
Excusez-moi d'insister. Liane Willemont a dit il y a un instant :
"-Quand vas-tu te décider à dire l'essentiel ?" C'est quoi cet "essentiel" ?
La disparition de tous les éléments de montage de Sauve qui peut Trotski (ex-Le cafard des montagnes).
Cela s’est produit dans la nuit du 14 au 15 juillet. Pendant que nous regardions les lueurs du feu d'artifice gaulien sur les nuages en face de la fenêtre de notre chambre de bonne au 6ème étage de la rue Robert Le Coin.
Comme nous avons vu une séquence avec Charles Berg tout à l'heure, nous supposons que vous avez fait tirer une nouvelle copie ?
C'était possible techniquement. Pas idéologiquement.
Jacques n'a pu récupérer les originaux qu'en 2006. Grâce à Sébastien Layerle, un historien du cinéma qui les a retrouvés aux archives royales belges.
Le film faisait problème. Nous avions été prévenus par un ancien de l'IDHEC. Un chef opérateur, membre de l'OCI. Nous nous attendions à ... Mais pas à un autodafé.
On a "brûlé" symboliquement mon film.